Refaire le monde 

Dans un foyer, on réunit, on célèbre, on s’attable, on héberge. Le foyer peut abriter des expérimentations nouvelles - le choix d'une vie seul·e, entre ami·es, entre générations, en communauté. Dans une société de plus en plus traversée de courants asséchants, le foyer devient un lieu d'expression préservant nos choix, nos pensées, nos idées. Chez soi, la nuit, entouré·es,  on “refait le monde” dans la cuisine, le salon, la chambre et parfois dans un petit lieu qui réunit ces trois endroits et tout “son” monde. 

Traverser les murs : fantôme et horizon 

Si les hommes peuvent être facilement déplacés, le foyer a-t-il la même faculté de mouvement ? Est-ce qu'un "chez soi" s'emporte ? Car le foyer est aussi une présence.  Il est aussi le souvenir d’un être cher, une âme des lieux, retenue dans un meuble ou un paysage. Un lieu qui nous habite pour toujours et que nous portons en nous. Il peut être transporté dans une poche, dans une valise, dans la joie ou la douleur. Le foyer peut-être uniquement un feu, ou l'endroit du feu, qui indique l'abri provisoire, où se réunir, avant de repartir plus loin et donc continuellement à refaire. 

Se reclure

Le foyer peut être l'endroit où l'on revient à soi, débarrassé·e des agitations extérieures. Un lieu où l'on se laisse aller, où ralentir, reprendre possession de son temps où nous reprenons des couleurs après un sommeil salvateur, dans une société qui nous maintient éveillé·es à tout prix et pousse des citoyen·nes à la rue. Peut-être que le foyer est ce qui nous permet de tenir, au dehors. Mais il est aussi le lieu par lequel les inégalités et les violences peuvent nous tenir piégé. Le lieu qui se referme.